La verbalisation des émotions
Colère, peur, tristesse, des émotions intenses interprétées souvent de manière négative. Joie, excitation, au contraire définies comme émotions positives. Ces émotions de base sont des messages envoyés par le cerveau pour nous dire si la situation dans laquelle nous sommes nous convient ou non. En réalité toutes les émotions sont complexes à vivre pour un jeune enfant de 0 à 8 ans. Des études scientifiques ont montré que la partie préfrontale du cerveau contrôle l’intensité des émotions, un peu comme le cavalier qui retient le cheval sauvage! qui n’est autre que l’amygdale, partie du cerveau où les émotions naissent. Sauf que la partie préfrontale d’un enfant de 0-8 ans est en construction donc immature, il ne peut pas contrôler ses émotions intenses, seul. Son appareil psychique n’est pas encore organisé pour maîtriser et traiter les excitations extérieures. C’est à l’adulte de jouer ce rôle de pare-excitation. Quand il reconnaît et nomme une émotion, il aide l’enfant à retrouver son calme.
Selon Alice Miller, chercheuse sur l’enfance, la censure des sentiments et des émotions des enfants constitue un meurtre psychique.
Voici les 4 étapes de développement des émotions, chaque enfant est unique et valide les étapes chacun à son rythme de 0 à 8 ans.
Étape 1 : Reconnaitre les manifestations d’une émotion par la voix et l’observation du visage. Étape 2 : Etre capable de reconnaître l’émotion et la nommer. Étape 3 : Reconnaitre la situation ayant provoqué l’émotion. Étape 4 : Faire des déductions quant à ce qui cause l’émotion et les conséquences possibles.
Si on part du principe que l’enfant n’est pas capable de le faire lui-même c’est à nous adulte de nommer l’émotion, d’observer et nommer les caractéristiques physiques de l’enfant au moment de l’émotion, de nommer la situation qui a suscité l’émotion, de rassurer, et enfin de consoler l’enfant quand le pic émotionnel est retombé.
Au Canada, où j’ai fait un stage de 3 mois pendant ma formation d’éducatrice, « Brindami la souris qui sourit à tous ces amis », rend visite aux enfants âgés de 1 à 6 ans (oui là bas le congé parental est de 1 an et les enfants vont en crèche jusqu’à 6 ans et les sections ne dépassent pas 8 enfants, bref un vrai monde de Bisounours! dans lequel j’ai vécu 3 mois pour de vrai et là je crois que je continue à y vivre malgré tout! Fin de la parenthèse, il ne vous reste plus qu’à relire la phrase du début!) très régulièrement pour leur parler des émotions. J’ai voulu recréé ces ateliers car il me semble très important de verbaliser les émotions dès le plus jeune âge. Chaque émotion correspond à un besoin, exprimer ses émotions c’est être capable d’exprimer ses besoins de respect, de réconfort, de protection, de partage. En France, on est plutôt pudique en matière d’émotions: « un garçon ça pleure pas, d’ailleurs l’expression « arrête de pleurer » est une hérésie, peut-on contrôler les larmes? Moi personnellement je n’y arrive pas. Je préfère dire « pleure si cela te fait du bien ».
Chez Chouet’house l’atelier verbalisation des émotions se fait avec Owl la chouette, notre marionnette fétiche qui a toujours un nouvel ami à nous présenter, à qui il est arrivé une situation sujette à émotion. Owl écoute son ami et lui propose une solution tout en sollicitant les enfants et adultes présents à participer à cette solution ou à en trouver d’autres. L’atelier se poursuit avec un jeu et la lecture d’histoires en lien avec l’émotion du jour. Cet atelier est idéal pour parler de ses émotions d’adulte sous l’oreille attentive des enfants présents qui enregistrent et s’en souviendront le moment venu. Même si l’enfant ne parle pas je suis convaincue qu’ il entend et enregistre ce qui l’intéresse.
On n’est jamais trop jeune pour comprendre ce qu’on ressent.